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Cet article du Nouvel Obs rappelle la raison invoquée (prétexte?) de Nicolas Sarkozy pour changer le fond de la loi de 1905 : le financement des mosquées.
S'il faut effectivement en finir avec ces mosquées-caves et garages et proposer des lieux dignes, ce n'est certainement pas à l'Etat de financer ! Le problème n'est d'ailleurs pas le financement de ces mosquées mais leur orientation politique qu'il doit être possible de surveiller même si les fonds sont extérieurs.
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Pour lui, l'intégration des musulmans passe par la révision de la loi de 1905. Ni la gauche ni... Jacques Chirac ne partagent cet avis.
Qu'est-ce qui pousse Nicolas Sarkozy à vouloir modifier la loi de 1905 ? Depuis trois ans, il a lancé une polémique que la plupart des musulmans eux-mêmes s'étaient gardés de faire éclater : l'Etat, dit-il, devrait financer la construction de mosquées. Le ministre chargé des Cultes, il le sait, s'attaque donc à un tabou. La loi de 1905, en effet, « ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte ». Hypocrisie, plaide Nicolas Sarkozy : tous les édifices religieux construits avant 1905 sont demeurés propriétés de l'Etat ou des collectivités locales. Conséquence : leur entretien, ou leur rénovation, est financé par l'argent public. Principales bénéficiaires : les églises. Les oubliées ? Les mosquées, construites bien plus tard et entièrement à la charge de personnes privées ou d'associations. Nicolas Sarkozy propose de corriger cette injustice héritée de l'histoire. Il s'est vu opposer un niet absolu de Jacques Chirac. Et un beau tollé à gauche. A quelques exceptions près, dont Manuel Valls, le maire d'Evry. Réactions quasi pavloviennes de vieux « laïcards » ? « En réalité, Sarkozy, sous des questions pratiques, touche à des enjeux fondamentaux, dit Jean-Pierre Brard, député-maire communiste de Montreuil. Il veut mélanger le civil et le religieux. Ce n'est pas à l'Etat de financer des lieux de culte. C'est aux fidèles. Les politiques et les élus doivent seulement être des facilitateurs. » La loi, selon l'élu PC, permet déjà des aides indirectes des collectivités locales (subventions pour des activités culturelles organisées dans les lieux de culte, garantie de prêts longue durée à faible taux, mise à disposition de terrains ou de locaux pour un prix symbolique).

Au début de l'année dernière, Dominique de Villepin, en désaccord avec son ministre de l'Intérieur, a voulu reprendre la main sur son rival. Il a créé une Fondation pour les oeuvres de l'Islam, chargée de recevoir les dons privés et étrangers. Objectif : mieux contrôler l'argent venu de l'étranger. Sera-t-elle un gage de transparence ? Le ministre de l'Intérieur, lui, ne renonce pas pour autant à son projet : il vient de nommer une commission de réflexion juridique sur la laïcité. Place-Beauvau, on évoque pudiquement un « toilettage » de la loi de 1905. En fait, chacun tente de tirer la couverture à lui. Qui l'emportera ?

Nicolas Sarkozy a beaucoup mouillé sa chemise sur cette question. Jamais ministre n'a été plus actif. Il a d'abord pesé de tout son poids pour que le Conseil français du Culte musulman voie le jour. Quadrature du cercle : comment structurer un culte qui n'a pas de clergé organisé ni de chef reconnu ? Comment contraindre les tendances de l'islam de France à se regrouper alors que l'Etat laïque n'est pas censé s'occuper du religieux ? Sarkozy le volontariste écarte ces contradictions et obtient un accord au forceps. Il négocie directement avec les ambassades du Maroc, d'Algérie, de Tunisie et de Turquie. Coup de génie ou coup de bluff : il impose un partage des responsabilités au sein du CFCM entre les frères ennemis, ceux de la Grande Mosquée, de la FNMF et de l'UOIF, qui se détestent cordialement. Pour les musulmans laïques, l'instance du CFCM est une coquille vide. Ils accusent les nouveaux leaders de l'islam de France de ne pas être représentatifs de la « majorité silencieuse des fidèles » (la plupart des musulmans ne sont affiliés à aucune organisation).

Autre critique : les fondamentalistes de l'UOIF sont surreprésentés par rapport à leur influence réelle. Réponse du ministre : « Mieux vaut les avoir dedans que dehors. » Enfin, dernier reproche : le CFCM mélange trop souvent « identité » et « confession ».« Le CFCM devait s'occuper d'organiser le culte, s'indigne Dounia Bouzar, qui en a démissionné en 2005. Il prétend aujourd'hui représenter tous les musulmans, même les laïques. Or ces derniers sont des citoyens comme les autres. Leur représentation doit passer aussi par des structures non confessionnelles, pour peu qu'on les y laisse entrer. » Le débat sur l'identité des musulmans de France ne fait que commencer...

Marie-France Etchegoin (2/02/06 Nouvel Obs)

Tag(s) : #Nicolas Sarkozy
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